• Quatre journées de réflexion théorique


    NUIT DU THÉÂTRE #4

    Avec Eduardo Bernal, Héctor Bourges, Helena Chavez, Jean-Frédéric Chevallier, Joseph Danan, Ileana Diéguez, Camill Goliash, Marcos López, Matthieu Mével, Rodolfo Obregón, Philippe Ollé-Laprune, Rubén Ortiz, Rogelio Sosa, Víctor Viviescas

    Casa Refugio Citlaltépetl, Théâtre Juan Ruiz de Alarcon, UNAM

    31 août - 3 septembre 2009, Mexico

    organisée par Proyecto 3

    Coordination académique, Jean-Frédéric Chevallier

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    DESCRIPTIF COMPLETS DES JOURNEES

     

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    Plutôt que d’ouvrir l’habituel espace où chacun viendrait communiquer aux autres les récentes avancées de sa réflexion académique, cette fois, il s’est agi de proposer un dispositif pour que se rencontrent nos pensées. Pour les activer aussi, les susciter, les exciter, les dévier, en produire d’autres, inattendues. Et pour qu’il y ait de la jouissance à ces surprenants croisements. Un dispositif pour les pensées telle une série d’exercices variés où exercer celles-ci ensemble, diversement et au présent. 

     

    Première journée / Tournoiement

    Une première manière de faire effondrer les idées de chacun

    Lundi 31 août 2009 / Casa Refugio Citlaltépetl


    Il s’agit d’inventer des vibrations, des rotations, des tournoiements
    qui atteignent directement l’esprit.
    Gilles Deleuze, Différence et répétition

    On commencerait par essayer, à tour de rôle, de répondre brièvement (cinq minutes) à la question suivante : à quoi bon imaginer ? Débute ensuite une discussion réelle au cours de laquelle il ne s’agit pas d’établir un consensus mais bien au contraire d’écarteler au maximum la problématique. “Imaginer” consiste à fabriquer des images mentales, ce qui peut conduire à défendre la fonction ouvrante d’une telle activité dès lors qu’elle donne d’inventer des dynamiques autres que celles qui régissent nos vies quotidiennes. Ou bien, à l’inverse, on soulignera les limites de celle-ci : si j’imagine a priori ce qui va se passer, je suis moins disponible pour accueillir ce qui présentement survientOu bien encore, on considérera l’impossibilité que le verbe imaginer sous-tend : comment concevoir l’inimaginable ? Ou bien à nouveau : pourquoi produire des images – quand bien même celles-ci seraient inimaginables – dans un monde saturé d’images ?


    Deuxième journée / Remuement

    Petit exercice pour penser ce que produit le théâtre
    Mardi 1er septembre 2009 / Casa Refugio Citlaltépetl

    Qui dit remuement dit cette concrétude qui est plantée quelque part
    et qui prend son essor à partir d’un point précis.
    Robert Walser, L’Ecriture miniature

    Chacun des exposants, ayant pris soin de préparer son analyse, disposera d'une dizaine de minutes pour, à partir du récit d'un moment de théâtre auquel il a assisté en tant que spectateur et dont le souvenir reste à ce jour encore marquant (ou, selon les cas, bouleversant), réfléchir à ce qui s'est alors produit en lui. Entrecroisant les exemples proposés, on se demandera tout à la fois : Qu'est-ce que produit le théâtre : affect, émotion, pensée, percept, relation, désir, sens ? Comment cela qui se produit est-il produit ?

    La notion de «théâtre» sera abordée dans un sens très large : une expérience de vision, une expérience directe (c'est-à-dire sans médiation), une expérience qui en passe par autrui. On pourra donc parler tout autant du cirque que d'une installation déambulatoire, d'une performance que d'un concert de musique, d'un texte lu aussi bien que mis en scène, etc.

     

     Troisième journée / Ouvrement

    Deux exercices « politiques » quant au sens de l’être-avec 

    Mercredi 2 septembre 2009 / Théâtre Juan Ruiz de Alarcón

     Il y a des jours où j’arrive à me glisser hors de moi-même !
    Robert Musil, L’Homme sans qualités

    La journée précédente aura permis de proposer des mots, peut-être tout un vocabulaire qui donnent de caractériser l'événement théâtral ainsi que les effets que le dispositif scénique produit. Au-delà de ce qui est éprouvé individuellement (remuement, joie, excitation), ces plaisirs conduisent-ils à l'ouvrement – ouverture de ma tâche d'être au monde, ouverture aux autres, ouverture à ce qui est le plus loin de moi ? Pour creuser cette question, on proposera cette fois deux exercices distincts.

     


    • Ce n’est pas un hasard si le théâtre est aujourd’hui sans fable nouvelle, sans muthos, ayant épuisé la fable totale (Wagner ou Claudel), la fable moderne (Brecht), la fable de la fin des fables (Beckett). Le rideau est tombé sur la scène métaphysique, sur la métaphysique comme scène de la (re)présentation. Mais, ce qui se joue désormais autrement, et sur un théâtre du monde que certains ont bien tort de prendre pour un vaste écran de simulation, et d’autres (au fond, les mêmes) pour un scénario de “désenchantement”, ce qui se joue dans de formidables dérives et craquements de tous les continents, c’est à nouveau l’envoi d’une affirmation de l’excès absolu du sens. Non pas qu’il y ait à tout accepter : mais la résistance à l’inacceptable doit elle même procéder d’un autre sens. L’affirmation nue, dénudée, d’autant plus aiguë et exigeante, du sens du monde en tant que monde. Tâche de l’être-au-monde.      

      Jean-Luc Nancy, Le sens du monde, Paris, Galilée, 1993. p. 43-44.   


      Quatrième journée / Emmêlement de pensées détournées  
      Conclusions sous la forme de reprises d’idées (d’)autres  
      Jeudi 3 septembre 2009 / Théâtre Juan Ruiz de Alarcón   

      Il serait question de mettre l’écoute en action. Chacun des participants revient sur les idées des autres qui l’ont intéressé, touché, invité au mouvement. Il peut aussi esquisser un lien, expliquer en quoi celui-ci l’emmène sur un terrain auquel il ne pensait pas jusque-là. On insistera d’ailleurs sur cela : ce qui s’est déplacé. 

       

         

     


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